Route "Roots of Music" - part 6 !
La fin de l'année se profile à une vitesse grand "V", et je déguste encore ce voyage aux States...
Hier soir, dans le cadre du 60ème anniversaire de la Déclaration des Droits de l'Homme, nous étions au Parc du Coron à Leuze (B) pour une soirée argentine... repas argentin, spectacle qui m'a permis de retrouver un comédien (jeune) que je connaissais depuis bien longtemps, et débat avec une comédienne argentine qui avait été emprisonnée dans les années 70.
Cela m'a permis de déguster pour la première fois les empenadas si chers à Rachel... et je ne peux qu'approuver...
Mais de l'Argentine à l'Amérique du Nord, nous allons donc faire un grand pas pour nous retrouver au nord de la Louisiane où j'avais laissé ce récit lors d'un mémorable pique-nique.
Après Frogmore Plantation, nous prîmes la route direction Alexandria, dans la paroisse d'Evangeline,(en Louisiane, les comtés - counties - ont gardé leur dénomination française) direction Eunice (paroisse de Saint Landry) où nous avions décidé de passer le week-end, sur le conseil de notre ami Teeboydan... connu comme le loup blanc là-bas.
Réservation faite à l'Acadie Inn, une obligation avec un tel nom, une obligation qui est devenu un vrai plaisir. Un accueil chaleureux - mais en américain - lorsque nous avons ouvert la porte de l'entrée, le jeune fils jouait de l'accordéon - ce qui nous a laissé présagé du meilleur.
Un petit tour à Windixie (sur les conseils du même) pour offrir de la bière belge à Marc Savoy et encore un petit tour chez Walmart... et il était grand temps de filer chez D'I's restaurant and Dance Hall à Basile. En plein milieu des bayous, là où rien ne semblait pouvoir exister, - sauf les crawfishs - un resto live music et la foule des grands jours... Le rendez-vous des cajuns de toutes générations confondues. Il a fallu patienter... mais cela valait la peine, histoire de déguster nos premiers mets cajuns.
Pour le goût, je me suis décidée à ré-essayer la version américaine des huîtres, n'ayant pas du tout été convaincue par les huîtres panées mangées à Seattle il y a une bonne décade.
Ce ne sont pas des huîtres d'océan, elles sont fades à mon goût, et le plat est prévu pour 2. j'ai assumé... mais refusé de les manger avec du ketchup. Nos jeunes voisins qui avaient tenté de nous parler français se faisaient des gorges chaudes sur notre nuit à venir, vu la quantité d'huîtres que j'ingérais...pendant que Guy se délectait (!) avec des écrevisses panées ...
Le groupe - que nous nous sommes permis de ne pas trouver terrible - était de la ville de Carencro, jumelée avec Leuze...
Le lendemain samedi, le programme était chargé - comme vous pouvez le voir ici -
Notre Acadie Inn étant à deux pas du magasin de Marc Savoy, nous nous y sommes précipités tôt le samedi matin, après un substantiel petit déjeuner, à base de "hot boudin" et de graillons. (graisse animale recuite qui se met en petites boules, dans l'animal on mange tout, lol)
Nous avions vu Marc sur scène, avec sa femme et ses 2 fils, en Belgique, lors d'un festival et c'était pur bonheur...
J'espère encore à ce jour qu'il n'a pas laissé traîné le chocolat belge qu'on avait offert à Anne, sa femme partie voir sa petite famille en Virginie (que de chassé-croisé).
C'est une ambiance où il y a plus de musiciens que de public. Nos vieux amis cajuns sont toujours heureux de recevoir des francophones pour pouvoir enfin parler français. Nous allions les croiser et re-croiser tout au long du week-end. Comme je ne suis pas encore très douée pour mettre les Dvd sur mon disque dur puis sur le blog, (et que je n'ai guère le temps en ce moment) je renverrai à des liens musicaux au fur et à mesure.
Matinée chez Marc Savoy : de 9 à presque midi.
Les musiciens arrivent un à un, certains sont déjà là,
et nous invitent à partager le café fait par Marc, les "hot-boudins" et les graillons (dieu, que cela m'a rappelé mon enfance à Bouaye !)
mais de toutes façons, c'est affiché :
Nous faisons la connaissance de l'incontournable Coz Fontenot qui va me gratifier dans la soirée d'un "Comment ça va bien, catin ?" qui m'a laissée sur le flanc ! Mais surtout, j'ai été terriblement impressionnée par sa voix... unique et son destin tragique. A Noël dernier, il s'est retrouvé sur le trottoir avec uniquement un t shirt (et probablement un pantalon), sa maison ayant brûlé entièrement avec son violon, son accordéon et toute sa musique ! Remarquez le changement d'homme au passage -
quelques musiciens, dont Charles Guillory au fond et en bleu, au triangle, à l'accordéon Steve Bing, Matt Frugé (accordéon 1er plan) et Robert Leblanc ; Tina, et un jeune aveugle
l'homme en action ne perd pas une miette, et Freddy,ce charmant américain nous a servi de guide musical avec sérieux.
Marc - très enjoué ce samedi-là, nous a gratifié d'un "toujours, jamais le samedi" à Guy qui lui demandait de se mettre à l'accordéon, ce qu'il fit avec un esprit très bon enfant.
ici Lawtell Fontenot au violon
L'ambiance est bon enfant, et sur l'insistance (en français, mais quel français !) je me suis essayée au "triangle", puisqu'après tout j'étais au fond et si je faisais des couacs cela ne s'entendrait pas, dixit ce monsieur !!! (preuve sur vidéo que vous ne verrez pas, na !!!)
Pouvez-vous imaginer cinq minutes que ces gens jouent pour le plaisir de tous et tout à fait dans une optique non pécuniaire...
d'ailleurs ce texte est révélateur de la personnalité de Marc
et pour le plaisir
si la vidéo n'apparaît pas, alors voir ici et ici
Même si Ann Savoy n'était pas là, je ne peux laisser passer ce post, sans parler de cette femme remarquable, qui a fait un beau travail sur le cajun et sa musique, tout en étant la maman de 4 enfants, tous musiciens. (si je ne trompe).
Plus d'informations sur ces deux-là, que je salue bien bas pour le travail accompli... ici
Puis vint le temps de partir à notre grand dam, nous sillonnons les rues d'Eunice, en plein cagnard (fin mai) à la recherche d'un casse-croûte pour affronter un après-midi cajun.
Là, il faut tenir compte que les magasins sont fermés à 15 h.
Mais que cela tienne, nous insistons et rentrons faire dédicacer un titre à KBon radio, la RADIO cajun par excellence.
les vitrines
l'animateur plein d'entrain
où nous avons demandé de faire passer cette chanson-là.
Puis vint le temps de la culture au
JEAN LAFITTE NATIONAL HISTORICAL PARK AND RESERVE
PRAIRIE ACADIAN CULTURAL CENTER - EUNICE
vous avez dit quilt ?
et le temps d'apprendre à danser le two steps
pendant que les musiciens s'en donnent à coeur joie (!)
et racontent des histoires drôles : comme Georges le violoniste n'avait pas d'argent quand il était petit, il s'était fabriqué son violon... (bon ce doit de l'humour de là-bas !)
et Claudia Wood fait participer l'assistance (ici un couple d'allemand accompagnant chacun son tour une dame au "triangle"
Remarquez notre courageuse absence pour la danse ou la musique !
Nous quittons le centre - où zentreparenthèses - le ranger était absolument charmant.
Encore un peu de temps avant d'aller au spectacle radiophoné, au hasard pour les amateurs un camion de pompiers Mac , un wagon ou un bistrot.
Changement d'Etat, changement de mentalité, ici on ne meurt pas de soif, mais il fait si chaud !
et l'on continue notre visite touristique - à pied -
et notamment
Cajun Music Hall Of
Fame & Museum
qui se trouve être l'ancienne gare.
Vous pourrez visiter le musée en cliquant sur les photos, j'ai ramené pour vous les clichés suivants
et j'ai découvert ce livre avec surprise et plaisir (la boucle est bouclée)
L'heure du spectacle est là et nous rentrons au
The Liberty Center - For The Performing Arts
où nous retrouvons notre gentil Ranger qui présente l'animateur - célèbre professeur - historien de l'histoire (!) cajun
Un premier groupe de jeunes très valables et admirez : on danse encore !
Pendant l'entracte, le temps de faire l'interchangement, l'animateur vient dans la salle interroger les gens, notamment les étrangers, dont le couple d'allemands (en anglais) et Guy en français et il a tiré cette conclusion, vous voyez nous nous comprenons et nous en arrivons à faire une conversation. C'est dire l'importance de vouloir faire continuer la pratique du français.
Il est temps de filer chez Bubba Frey's sur les conseils de Freddy. Les Allemands nous précèdent et je les soupçonne de ne pas trop respecter les limitations et je les comprends bien.
Bubba nous a aussi été recommandé bien sûr par Teeboydan.
C'est là, qu'arrivant dans un endroit inconnu où je n'avais jamais mis les pieds et où je ne connaissais personne, j'entends : "Comment ça va bien, catin ?"(en vieux français, jeune fille)
Et là tout s'est enchaîné très vite : on était au coeur de l'histoire.
Nous retrouvons Coz, Claudia
la soeur de Coz, car Coz a tenu à ce que nous soyons à sa table !
une autre dame d'Eunice, ville jumelée avec la Roche en Ardennes (B) , nous parlait en français et déplorait que les échanges ne se fassent plus.
Les cajuns adorent s'amusent, jouer de la musique - cette impression qu'ils sont tous nés avec un instrument dans les mains - danser - faire la fête.
et transformer les chansons
vous connaissez peut-être Orange Blossom Special, dont ici une version bluegrass.
Merlin Fontenot (84) et Bubba dans un délire
Chez Bubba Frey's " La porte en arrière"
envoyé par MaDalton51
De retour à notre Acadie Inn, le chien dit de garde nous fit la fête
(sorry pour la photo esthétique !!!)
Après un samedi bien occupé où nous avons vraiment nagé dans le bonheur, le dimanche nous mit sur la route de Lafayette où un concert de bienfaisance était organisé pour notre (désormais) ami Coz.
Sur la route, un petit détour via Carencro, jumelée avec Leuze
Par des chemins de traverse, nous arrivons à notre lieu de rendez-vous, le Blue Moon Saloon
dont nous avions déjà entendu parler par un groupe cajun que nous avions vu à Bruges : The Lost Bayou Ramblers ! (pour écouter, c'est ici) Nous nous attendions à un endroit magique, mais assez grand. Et là, surprise, ce n'est en fait rien de plus que la cour en arrière d'une maison qui sert aussi de B&B... mais, rien n'empêche : ce lieu est magique...
Comme nous étions arrivés un peu tôt, malgré le tour dans Lafayette (prononcer en cajun : Laf'yette) (où nous nous sommes plantés royalement, et le dimanche tout est fermé !!!)
J'ai eu le temps de m'amuser de tous ces petits détails
La bière coulait à flots,
Maintenant place aux musiciens, car pour un concert de charité, il y avait du beau linge...
Pour commencer, les vieux de la vieille : D.L. Menard and friends
D.L Menard, déjà au Hall of Fame de la Musique Cajun à Eunice
ici avec Reggie Matte
vous pourrez l'entendre ici
et bien sûr l'incontournable Merlin Fontenot qui soutire des sons incroyables à son violon et qui est un vrai petit canaillou ...
Coz est venu faire la jam avec ce premier groupe et j'ai admiré que jeunes ou vieux, tout le monde dansait.
Le 2ème groupe se mit en place, Balfa Toujours,(qu'on avait déjà vu à Bruxelles il y a quelques années) sans Madame, mais avec Dirk Powell (site officiel inaccessible pour l'instant , mais discographie ici)
Dirk
à l'accordéon, au violon
à la guitare, à la basse.
Tous les musiciens ont interchangés, avec un bonheur égal, leurs instruments.
et je suis contente d'avoir piégé le photographe professionnel du cajun ! lol
Par contre, je ne connais pas le nom du chanteur, qui était absolument génial, ni de son jeune fils (au secours, Teeboydan)
Bien sûr, Coz est à nouveau venu les rejoindre
Et pour le 2ème intermède, nous avons pu déguster le jambalaya fait par Coz et sa soeur.
C'est alors que prit place le groupe de Wilson Savoy, le diablotin hyper doué fiston de Marc
les Pine Leaf boys
Pendant ce temps, le gentil garçon au premier plan, a - à tout prix - voulu me faire danser ! quelle cata (surtout pour lui !!! ps ce n'est pas moi sur la photo, lol)
Wilson
vous avez bien vu, il joue pieds nus
et debout - contrairement à son papa -
pour l'écouter, ce sera là
et bien sûr, tous ces musiciens interchangent aussi leurs instruments
et Coz s'y est associé à l'accordéon.
La soirée s'achève - il faut malheureusement une fin - ce concert ayant commencé à 2 h de l'après midi, se termine vers 22 h. Et pourriez-vous imaginer que ces musiciens se sont produits pour le plaisir et vraiment pour leur ami Coz...! l'entrée demandée étant des plus modestes en plus !
La plupart des musiciens chantent en français, mais sans le comprendre, il n'y a plus que les vieux cajuns qui comprennent et sont content de parler avec des français (des belges ou des suisses aussi) car ils ne comprennent pas ce que leur racontent leurs amis canadiens ! étonnant, n'est-il pas ?
Vint le temps des autographes sympas !
Après avoir vu et entendu tous ces "fais do do", nous aussi nous y sommes allés, faire dodo... et de retrouver notre chien de garde qui m'avait laissé un cadeau la veille : son jouet sur le seuil de la porte...
Nous allions laisser pour un bout de temps, nos cousins cajuns... avec regret, pour tout le plaisir qu'ils nous ont apporté. Si vous passez par là, avant, regarder encore ce site.
Au point de vue musique, nous avons zappé la Nouvelle-Orléans, pour cause de manque de temps : il nous aurait encore fallu une bonne semaine... Un grand dommage...
Notre voyage approchait de sa fin, le lendemain nous allons faire adieu à nos hôtes, mais cela fera l'objet d'un prochain et dernier post - avant la fin de l'année.
Pour entrer dans le milieu cajun, un film d'approche, qui vaut surtout pour la fin, où vous verrez Marc Savoy et les regrettés Balfa ! , SOUTHERN CONFORT et ici un extrait :
Parlez nous à boire et pas de mariage..
Je laisse le soin à Teeboydan - s'il passe par là - de faire toutes les rectifications nécessaires et je lui rappelle que maintenant qu'il est pensionné, une encyclopédie l'attend... (Kisses Dan)
Mise en page le 12 décembre 2008